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  • Photo du rédacteurTabou redac

EPISODE 4 - Le porno et les jeunes: du plaisir à l'addiction

Dernière mise à jour : 17 juin 2018



Comme Célina et Francky, les adolescents sont confrontés à la pornographie de plus en plus jeune. Si cela ne présage par forcément une carrière dans ce milieu, la navigation sur des sites classés X amène aussi son lot de conséquences.


« Quand on s’est mis ensemble, je n’ai pas voulu me la jouer jalouse. J’étais curieuse et c’est avec Francky que j’ai regardé mon premier film porno », se souvient Célina. Du côté de son compagnon, pas de secret : il a « toujours voulu devenir acteur ». Il est âgé de 14 ans lorsqu’il visionne sa première vidéo à caractère sexuel. Le jeune homme, qui a aujourd’hui fait du X son métier.




Par curiosité, pour rigoler ou pour prendre son pied en solitaire, l’âge moyen de la première visite sur un site classé X s’élève à 14 ans et 5 mois selon une enquête de l’Ifop réalisée en 2017. À 15 ans, les statistiques estiment qu’un adolescent sur deux a déjà visionné de la pornographie, tant à la télévision que sur Internet.

Gratuit et illimité

Pornhub, Youporn ou encore Xvidéos, aujourd’hui, l’utilisateur en quête de contenus pornographiques a l’embarras du choix. Ces « tubes », des sites de streaming vidéos où sexes en érection côtoient poitrines opulentes et fesses rebondies, sont chaque jours assaillis par des millions d’utilisateurs.


« Il y a une dizaine année, l’émergence des ‘tubes’ a démocratisé l’accès au porno », explique Marie Maurisse, journaliste et de l’ouvrage Planète Porn : enquête sur la banalisation du X, sur les ondes de La Première. « Aujourd’hui, la consommation de pornographie se passe quasiment uniquement sur le net. »


96% des jeunes déclarent consommer uniquement de la pornographie gratuite. Parmi plus de 100 milliards de pages qui visitées par une horde d’1,3 millions d’utilisateurs réguliers, il y en a pour tous les goûts et les couleurs.


Une tendance confirmée par la quasi-totalité des répondants à l’enquête de l’Ifop : 96% des jeunes consommeraient la pornographie gratuitement.

Ces smartphones libérateurs

Serge Garcet, auteur d’une étude auprès de 115 jeunes belges âgés de 12 à 18 ans, pointe un autre facteur concernant le succès de la pornographie en ligne. « Avant, l’ordinateur trônait dans la cuisine, avec l’arrivée du smartphone, la consommation des vidéos à caractère sexuel échappe au contrôle parental », explique ce professeur de victimologie de l’Université de Liège.



Cet accès privilégié à la pornographie, a fait du net le lieu d’information principal en matière de sexualité, et principalement via les smartphones. Près de 9 jeunes sur 10 interrogés par le criminologue déclarent ne plus utiliser la télévision et les documentaires pour savoir quel comportement adopter lors d’un rapport affectif.



« La pornographie a une influence sur les pratiques sexuelles, ajoute Serge Garcet, mais ce qui est dangereux, c’est le manque de distance par rapport à des contenus qui n’ont pas pour vocation d’être informatifs. » Un constat partagé par Francky, notre acteur porno messin : « Les jeunes ne se rendent pas compte, ils voient ça comme un amusement et ne voient pas le côté professionnel ».


Selon l’étude, près d’un jeune sur cinq intègre des pratiques sexuelles plus violentes à cause de la pornographie. Un constat qui tranche avec la conscience de 80% des sondés du caractère irréel du porno sur le web. Selon Serge Garcet, les contenus X favoriseraient l’intégration de certaines pratiques dans la sexualité juvénile. « Par exemple, la sodomie a intégré la sexualité adolescente. 10% des jeunes ont recours à cette partie au début de leur sexualité. Etant donné que cela touche à des parties intimes du corps, c’est assez étonnant », indique-t-il.




Du curieux à l’addict, la frontière floue

À 14 ans, Martin* visionne son premier film X. Petit à petit, cette curiosité se mue en nécessité. Au rythme d’une masturbation par semaine - et de l’éjaculation qui va avec -, il était à milles lieues de se douter que ce petit plaisir hebdomadaire se muerait en véritable nécessité, alors qu’il est aujourd’hui étudiant en ingénieur civil.


« Tout le monde est attiré par le sexe d’une manière ou d’une autre, témoigne-t-il, mais à partir du moment où ça a des effets sur ma vie affective, je considère que c’est une addiction. » Au début, le jeune homme pensait être le seul dans le cas. Ayant grandi dans un milieu bourgeois, il n’avait personne à qui en parler. En foulant les halls de l’université qu’il a pris conscience de l’ampleur du phénomène. C’est pourquoi il a entamé depuis 16 jours un processus d’abstinence.


5 questions à un porn-addict




D’une vidéo par curiosité, la consommation peut s’accroître de manière exponentielle. Selon une enquête sur les addictions réalisée par Ipsos pour le Fond des addictions, la Fondation Gabriel-Péri et la Fondation pour l’innovation politique auprès de jeunes âgés de 14 à 24 ans, un cinquième des jeunes consomment la pornographie au moins une fois par semaine. En revanche, seul 37% du panel déclare avoir déjà testé de visionner de vidéos classées X.



« Cette addiction est un vrai mal-être au quotidien », se plaint Martin. Les conséquences d’un besoin irrémédiable de consommer des films X, De manière générale, les jeunes en sont moins conscients des conséquences que peut avoir la consommation répétée de film X. Cela se matérialise par une moins grande connaissance des risque d'addiction que pour d’autres types de dépendances. Environ trois jeunes sur cinq disent connaître les risques de l’addiction au porno. C’est largement moins élevé que pour le tabac ou l’alcool dont les risques sont connus par 93 et 91% des sondés.



« Finalement j’arriver à tenir mon abstinence, je pense que je ferai partie de la faible proportion de jeunes qui ne consomment pas de pornographie », déclare Martin, plein de motivation. À l’instar de la cigarette, l’alcool ou d’autres drogues dures, va-t-on assister à un mouvement de recul par rapport à l’élément addictif que constitue la pornographie ? Rien n’est moins sûr mais des groupes d’aides comparables aux alcooliques anonymes sont déjà à pied d’œuvre.


*Nom d'emprunt


Maxime Fettweis


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