Les règles d’hygiène sont de mise un peu partout, le milieu du porno ne fait pas figure d'exception. Car être acteur.trice de porno, c’est aussi prendre des risques. Depuis quelques années, des lois obligent les producteurs à faire passer régulièrement des tests de VIH, MST et autres maladies à leurs employés. Dans un monde parfait, cela devrait arriver mais la réalité cache une toute autre vérité.
Tout le monde connait ou a déjà entendu le nom de Marc Dorcel. Le célèbre producteur de films porno tournés pour la plupart en France et Belgique. Dans une interview diffusée sur Télé-Loisirs, le chef d’affaire évoque à quelles conditions sont soumis les acteurs et actrices de porno.
En janvier 2007, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (CSA) passe une directive qui oblige le port du préservatif dans les films X diffusés sur les chaînes de télévision. Et si cette pratique neuve ne plait pas toujours aux consommateurs, nous n'avons jamais trouvé de preuve de baisse de l’audimat.
En réalité, le préservatif est souvent utilisé comme un laisser-passer pour qu’un film soit ensuite diffusé sur les grandes chaînes de télévision.
Le témoignage de Judy Minx, actrice de porno française, en dit long sur la manière dont le préservatif est utilisé sur les plateaux et comment la santé des acteurs passe au second plan.
Le hic avec cette directive « pas de capote, pas de diffusion », c’est que plus de 95% du porno consommé provient de sites internet gratuits. En plus de faire de la concurrence aux chaînes payantes, les films gratuits ne sont pas soumis à la directive car internet est un outil encore trop peu régulé.
Du coup, 95% des films visionnés montrent des rapports non-protégés, continuant de banaliser le préservatif comme un « tue-l’amour ».
Se faire dépister ... le plus souvent possible
Être acteur.trice porno, c’est prendre des risques comme celui de chopper le VIH, la syphilis et d’autres MST.
Chez Marc Dorcel, « les acteurs entre eux ne tournent pas avec quelqu’un qui n'a pas montré ses résultats négatifs » assure le P.D.G, Grégory Dorcel.
Un acteur doit alors passer des tests de dépistage au minimum tous les mois ou à chaque changement de partenaire. Un simple contrôle par prise de sang et frottis permet de savoir où en sont les personnes dans leurs vies sexuelles.
Mais le témoignage de Rachel, actrice dans le milieu, en dit long sur l’honnêteté de certains résultats.
Alors oui, la possibilité que les résultats au test peuvent être truqués existe. Seulement, les acteurs ne tiennent pas à se refiler des maladies car cela mettrait fin à leurs carrières.
À Budapest, au coeur de la "Porn Valley" européenne, les acteurs ont la santé bien pistée. Ils signent une décharge pour se faire dépister dans l’unique laboratoire agréé par la profession. C’est comme ça que les agents et les producteurs ont accès à tous les tests des professionnels.
Si un individu présente un cas de syphilis, il sera mis en quarantaine pour la durée de son traitement, avant de pouvoir reprendre les tournages.
Médecins et acteurs du X, le clash
Même si les médecins sont soumis au secret professionnel, la plupart des travailleurs de l’industrie du sexe ne se disent « pas respectés ». Ils doivent faire face aux jugements que suscite leur profession et, parfois, à un manque d’écoute sérieuse de la part des médecins.
Dans une interview réalisée par Huffington Post, Dylan Ryan, actrice porno et travailleuse sociale déclare que :
« Souvent, quand les travailleurs du sexe tentent d'accéder à des soins de santé, ils font face à une énorme quantité de critiques... Il y a une idée qui veut que si vous êtes dans le travail du sexe, vous soyez une victime, que vous le vouliez ou pas. »
Depuis 2015, tout le monde peut se faire dépister du VIH pour seulement 25€ et en 15 minutes. De plus, ce test est en vente libre et sans ordonnance !
Fort de son succès depuis sa sortie, il permet d’éviter la « confrontation » et « la honte » devant les médecins.
Règles d'hygiène, pas toujours au top
Donc, vous l'avez compris, le respect des règles d’hygiène n’est pas une priorité sur les plateaux de tournage, encore plus lorsqu’on a affaire à du porno gratuit sur internet : préservatifs absents, lubrifiant remplacé par la salive, objets pas toujours stérilisés.
Dans les films lesbiens et autres, les relations orales ne sont pas non plus soumises aux règles de santé.
Cerise sur le gâteau, les femmes en période de règle travaillent quand même. Comment ?! Eh oui, les femmes placent une éponge au fond de leurs vagin ! Beurk...
Illustration par Ipomteeecanalblog.com. »
Stoya, actrice et défenseuse d’un porno plus éthique, explique dans une interview pour Vice qu’en période de règles, pas question pour les filles de prendre congé.
« Un boulot normal c’est tout le temps, le porno aussi. Il n’y a pas de raison qu’on arrête de travailler en période rouge, (...) il faut bien que l’argent rentre. »
Kassandra Raine et Monika Rise, deux actrices de porno américaines, dévoilent les pires anecdotes lors des tournages. Parfois, les filles oublient tout simplement de retirer les éponges, une fois c’est arrivé après deux semaines…
Si vous pensiez que le porno que vous avez regardé ressemble à peu près à la réalité, et bien vous vous trompez ! Et toutes ses mesures d’hygiène qui ne sont pas respectées causent bien des ennuis aux travailleurs du sexe : maladies, dépression, prise de drogue et parfois même suicide dans les cas extrêmes.
Être acteur.trice porno peut sembler cool à priori, mais c’est en fait un job beaucoup plus exigeant et dangereux qu'il n'y paraît. Le plaisir n’est bien souvent pas au rendez-vous…
Béatrice Grandhay